Pour parler de simplicité volontaire, partager ses trucs, astuces, trouvailles et découvertes en la matière. ***************************************************************************** Mais aussi pour parler écologie, altermondialisme, tout ce qui peut rendre notre monde et notre avenir plus beaux et plus ensoleillés

23 avril 2006

Notre mobilier de jardin et.....


Il fait beau, si l'on a un jardin on retrouve l'envie d'en profiter
..... la table et les chaises sur un coin de pelouse et on prend un petit café (ou un petit verre ) au soleil ........ tiens, plus de première jeunesse la table et les chaises, ça vieilli mal le plastique......... un joli mobilier de jardin en bois, ce serait mieux, plus en harmonie avec les fleurs et les arbres, plus écologique aussi ....



Oui, mais......

"Selon une étude du WWF , 39 % des importations françaises de bois tropical seraient issues de l’exploitation illégale.

Les salons de jardin, même s’ils représentent un poids relativement faible dans les ventes du secteur du meuble en France, sont un produit emblématique de notre dette écologique sur les forêts tropicales.

L’objectif du WWF est de proposer une campagne d’information permettant de réduire cet impact, non pas en détournant les consommateurs des produits en bois tropical, mais en leur fournissant toutes les informations nécessaires pour décrypter les étiquettes et les garanties offertes par les revendeurs.

Par ailleurs, cette campagne incite les consommateurs à privilégier l’achat de produits en bois labellisés FSC, seul label qui garantit la bonne gestion forestière.

Dans cet optique, le WWF a édité un consoguide avec recommandations à suivre, qui sera distribué entre le 22 avril et le 6 mai dans une trentaine de magasins en France.

Le WWF met en ligne dès aujourd’hui de nombreuses informations sur son site internet : liste des essences menacées, résultats complets de l’étude…"


les enjeux....les solutions....en savoir plus
c'est là : http://www.wwf.fr/jedisnonauboisillegal/

Libellés :

19 avril 2006

"1 MILLIARD D’HECTARES STERILISES EN UN SIECLE... Pr. Claude Bourguignon

Claude Bourguignon est docteur es-sciences, directeur du Laboratoire d’Analyse Microbiologique des sols (analyse sur le terrain et au laboratoire, sur le plan chimique et biologique des sols agricoles), ingénieur agronome (INA PG), membre de la Société d’Ecologie, membre de la Société Américaine de Microbiologie, enseignant à la première Chaire Française de Pédologie et de Microbiologie du sol (Beaujeu), auteur du livre : "Le sol, la terre et les champs" (Ed. La Manufacture/Sang de la Terre. 1989.), expert du sol auprès de la CEE.



Ce qu'il préconise:

a) Replanter des haies en maillage de 20 hectares.

b) Reboiser les zones sensibles.
c) Gérer la matière organique des villes à part des gadoues industrielles afin de pouvoir remonter le taux de matière organique des sols


-l’agriculture biodynamique.


Un entretien avec Claude Bourguignon paru dans "Passerelle Eco"

En tant que spécialiste de la vie des sols, pouvez-vous estimer le pourcentage des sols de France atteints par la pollution (et dans quelle proportion) ?

- Claude Bourguignon : 10% des sols sont pollués par des métaux lourds. 60% sont frappés d’érosion. 90% ont une activité biologique trop faible et en particulier un taux de champignons trop bas. Idem dans le monde. De plus le phénomène de fatigue des sols (chute de rendements) se fait sentir en maraîchage et en culture betteravière.

Qu’est-ce que c’est pour vous, un sol ?

- C. Bourguignon : Le sol est une matière vivante complexe, plus complexe encore que l’eau ou l’atmosphère qui sont des milieux relativement simples. Vous savez, le sol est un milieu minoritaire sur notre planète : il n’a que 30 centimètres d’épaisseur en moyenne. C’est le seul milieu qui provienne de la fusion du monde minéral des roches-mères et du monde organique de la surface - les humus. Je vais être obligé d’être un peu technique pour vous expliquer...

Sur trente centimêtres d’épaisseur, le sol héberge 8O % de la biomasse vivante du globe. Et dans ce sol, très mince, il y a beaucoup plus d’êtres vivants que sur le reste de la surface de la terre. Cela ne se voit pas. C’est un monde microbien que l’on a d’autant plus négligé qu’il ne coûte rien...

Un énorme tabou pèse sur le microbe. Il est extrement mal vu dans notre société. Il est source centrale de mort dans la vision pasteurienne. Les microbes sont fondamentaux pour la vie. Sans ces intermédiaires, les plantes ne peuvent pas se nourrir.
L’industrie de l’homme, dans son fonctionnement, ne fait que copier le microbe. Le problème, c’est l’énergie phénoménale que cela coûte.
Les bactéries des sols fixent l’azote de l’air pour faire des nitrates. Gratuitement ! L’homme, lui, utilise 10 tonnes de pétrole pour fixer une tonne d’azote. Qu’il vend. Cher. En oubliant de dire que les molécules chimiques ne fabriquent pas un sol. C’est le paysan qui la fabrique de ses mains, ce sol. Alors évidemment, l’industrie a eu intérêt à remplacer le modèle traditionnel de l’agriculture Française...
Et, lorsque j’ai mis au point ma méthode de mesure de l’activité biologique des sols, je me suis rendu compte de la réalité. Les agriculteurs biologiques ou biodynamiques ont des sols beaucoup plus actifs que ceux qui travaillent en conventionnel. Des sols vivants.


C’est le moment où vos ennuis commencent avec l’Inra ?

- Claude Bourguignon : Exactement. L’Inra a rejeté en bloc l’agriculture biologique, bio-dynamique, sans l’avoir jamais étudiée ! C’est une faute professionnelle grave de la part de cet Institut face à la déontologie scientifique. C’est là où il a perdu sa liberté. Ce n’est plus réellement un Institut d’état. C’est un Institut au service des grandes entreprises marchandes d’engrais. Plus de la moitié des commandes de thèses de l’Inra proviennent d’elles.
Et il n’y a pas que l’Inra. L’ensemble des instituts mondiaux se sont finalement laissés dominer par les marchands. Mais cela ne veut pas dire que les chercheurs de l’Inra soient heureux. Un certain nombre d’ailleurs le vivent mal...
Aujourd’hui, l’Inra prend peur parce que le monde agricole, entre autres, lui réclame des comptes.
Hier, les recherches favorisant l’environnement n’étaient pas un créneau porteur. Aujourd’hui elles le sont puisqu’il y a des budgets CEE et des marchés à saisir. Je pense que dans dix ans l’Inra affirmera qu’il a toujours été pour l’agriculture biologique. Dans trente ans, il rappellera qu’il a toujours soutenu la bio-dynamie. Et tant mieux. Ce sera la preuve que nous serons enfin parvenus à travailler ensemble pour régler le vrai problème : la pollution de la planète.


Quelle a été votre démarche au début de vos recherches ?

- Claude Bourguignon : J’ai essayé de comprendre pourquoi certains sols étaient plus vivants que d’autres. Cela varie en fonction des modes de cultures choisis. Traditionnellement, on fertilisait le sol avec de l’humus, l’argile était marnée et on utilisait un liant, le calcium souvent. On mélangeait l’ensemble au compost que l’on répandait sur le sol.
Les engrais verts, eux, favorisaient les microbes minéralisateurs. Les microbes "intermédiaires" vivants près des racines des plantes étaient fertilisés par la rotation des espèces végétales cultivées. Enfin les microbes vivants près des roches mères étaient stimulés par les roches broyées. Aujourd’hui, ces étapes n’existent plus. On donne dans la monoculture...
On ne pratique plus la fertilisation. Ce mode de production nie la vie microbienne. Et aujourd’hui, la production stagne quand elle ne régresse pas. Mes relevés d’activité biologique indiquent que les sols cultivés avec les engrais chimiques meurent, peu à peu.


Quelle est votre vision du rapport de l’homme à la terre, et à l’agriculture ?

- Claude Bourguignon : L’agriculture est d’abord l’histoire tragique de 15 000 ans de famine.
Dans la période de la cueillette, l’homme respecte la terre comme sa mère nourricière. Plus tard naît l’agriculture. Mais elle ne commence à nourrir les hommes qu’au XVIIIe siècle.
L’empire romain naît puis disparaît, ses sols détruits.
Cinq siècles plus tard, l’Europe s’unifie sous Charlemagne et s’attaque alors à son grand bloc forestier à peu près intact, de la Gaule à la Pologne. En peu de temps, 70 % des forêts disparaissent... Des tas de manuscrits du début du XIVe siècle décrivent des orages terrifiants venant de la mer, provoqués par la disparition des forêts qui tamponnaient le climat.
Au XVIIe siècle, l’Europe sort de ce cauchemar écologique à travers la pratique du labourage et du pasturage. On remplace les jachères par la culture des légumineuses qui fixent l’azote. Chose que l’on ne savait pas à l’époque. Cela donne un abondant fourrage qui va nourrir le bétail. Mais il faut le garder pour qu’il cesse d’errer sur les terres cultivées. Alors on invente la haie.
Les haies ont un rôle remarquable de rééquilibrage du climat. En fait, on crée la forêt maillée. Et de ces bêtes immobilisées dans les champs on récupère les excréments qui, mélangés à la paille des céréales, donnent le fumier. Ce fumier est composté puis répandu sur les terres. C’est ce qu’on appelle l’amendement de la terre. On cesse alors de mourir de faim en Europe.

Mais au même moment où l’on résout le problème écologique en réintroduisant l’animal dans le système agricole, l’industrie arrive et fout tout par terre.
Aujourd’hui, nous perdons en moyenne 10 tonnes de sol par hectare et par an. Les paysans Français utilisaient 120 millions de tonnes de fumier pour 30 millions d’hectares. 4 tonnes de fumier par hectare donnent 2 tonnes d’humus. La tâche de liaison avec l’argile est assurée. Les sols sont équilibrés et continuent à s’améliorer au fil des ans.

Le sol est une matière vivante. Aujourd’hui nous perdons en moyenne 10 tonnes de sol par hectare et par an. Vous faites le calcul et dans trois siècles, c’est le Sahara.
Il faut réagir maintenant. La nature réagit très fortement. Ce n’est pas grave. Ce n’est pas la fin du monde. Je ne crois pas aux fins du monde. Il y a des civilisations qui naissent, atteignent leur apogée et meurent. D’autres prennent la relève.
Je crois que telle que cette civilisation est structurée, elle sera incapable de faire face au problème numéro 1 qui est le problème de l’Environnement et de la Terre. Avant le problème était celui des choix politiques, de l’homme, de l’existence des classes sociales. Mais notre grand problème à nous est unique. C’est la Terre. Et la civilisation ne change pas, même face à sa mort prochaine.

Continuer à nier ce fait nous mène droit à la catastrophe. L’agriculture écologique au plan mondial est la garantie d’un rapport juste entre l’homme et son environnement, pour une alimentation saine et une juste rétribution du travail de chacun. Et la culture bio-dynamique, ça veut dire sauver les pays du Tiers-Monde de la famine, oui les sauver !!!
Mais actuellement, cela va trop vite. Un Ministre de l’Environnement ne peut rien faire face à Rhône-Poulenc qui cherche à vendre ses molécules de synthèse. Il faut les amortir. Dans la recherche c’est très net. Vous êtes payés par des contrats. Imaginez que j’aille chez Rhône-Poulenc pour leur dire : J’ai un projet de recherches que j’aimerais que vous financiez et qui montre que vos produits détruisent la vie des sols...Ils éclateraient de rire !!! Mais s’ils connaissaient le coût réel de leur éclat de rire, ils reprendraient leur sérieux et ils accepteraient tout de suite...

Un autre problème soulevé est la capacité de retraitement de l’azote industriel par l’activité microbienne du sol...

CB : Le problème de la circulation d’un élément dans le sol est lié à sa concentration. Si la concentration d’un élément est très faible, par exemple s’il n’y a plus d’azote dans les sols, la mobilité de l’élément sera surtout une mobilité biologique c’est-à-dire que la Vie va se jeter dessus parce qu’il est rare. La vie ne va surtout pas le laisser passer.
Par contre, si un élément devient très abondant, il y aura une mobilité physique dominante, c’est- à dire qu’il peut suivre l’eau tout simplement. Parce que la vie en a trop, elle ne va pas s’amuser à tout prendre ! Donc elle laisse passer et l’environnement se trouve pollué.
L’avantage du microbe c’est qu’il travaille au fur et à mesure des besoins de la plante puisqu’il travaille en me temps que la plante. Quand le sol est sec les microbes s’arrêtent et les plantes ne pompent plus le sol. Quand il fait trop froid, les microbes ne travaillent pas mais les plantes ne poussent pas. Comme c’est un système vivant, que les bactéries sont aussi des plantes, ils travaillent en symbiose totale.
L’homme de l’agriculture chimique met son azote à n’importe quelle saison ; il ne le fractionne pas comme le microbe, donc il pollue.
Ce qui fait que, "curieusement", la grande majorité des agronomes ne connaissent rien à la microbiologie des sols. Parce qu’il n’y a pas d’enseignement. Il n’y a aucune chaire officielle de microbiologie des sols en France depuis la disparition du secteur microbiologie des sols de l’Institut Pasteur. l’Inra a confié son secteur à un professeur qui s’intéressait surtout à la microbiologie industrielle qui est très à la mode, d’où l’ignorance des agronomes en matière de cycles microbiens, pour la plupart.
Pour eux, sans engrais chimiques, sans NPK, c’est la mort ... du sol ! Pour eux, le sol est d’ailleurs un simple support inerte sur lequel il suffit de répandre des solutions chimiques magiques ! Alors que le fondateur de l’agriculture chimique, Justus Van Liebig n’a jamais dit ça. On a mal interprété ses paroles. Ses écrits ont été complètement déformés par l’industrie des produits chimiques.

Liebig a montré sous quelles formes les plantes absorbaient les éléments ; il a montré que la plante ne pouvait pas prendre l’azote autrement que sous la forme nitrates, forme fabriquée par les microbes. Il n’a jamais dit qu’il fallait mettre des nitrates dans les sols. Il a montré que la plante attendait que les microbes aient fabriqué des nitrates pour les prendre. Il a montré qu’elle attendait la forme phosphate, sulfate.

Les plantes attendent toujours des formes électronégatives et cela, pour des problèmes de stratégie d’absorption. Contrairement à nous, le gros ennui de la plante c’est qu’elle se nourrit d’un support d’origine minérale où domine essentiellement la silice (56% des roches mères), le fer, l’aluminium.
La plante, elle, est très pauvre en fer, en silice et en aluminium. Par contre la plante est riche en azote, en phosphore et en sulfate, éléments qui manquent dans la terre.
La plante est donc obligée de développer une stratégie très astucieuse d’absorption, "l’absorption active". Elle ne peut se laisser traverser par les lois de la chimie qui disent que toute substance tend à s’égaliser de part et d’autre d’une membrane vivante. Si la plante se laissait faire par cette loi là, elle aurait la meme concentration que le sol. Ce qui n’est pas du tout le cas.

Alors comment fait-elle ? Elle utilise un système d’une remarquable intelligence, système utilisé d’ailleurs par l’ensemble de la vie dès qu’il y a des problèmes d’échange électrique à opérer. La première série des éléments du tableau de Mendeleieff sont ce qu’on appelle les cations monoatomiques. Ce sont des atomes qui sont porteurs d’une charge positive. Ces éléments ne sont jamais constitutifs du matériel vivant sauf l’hydrogène qu’on met en dehors du tableau de Mendeleieff parce qu’il possède un comportement très spécial.


C’est un peu de la triche, lui ! C’est le Numéro 1 ! L’Hydrogène !

- CB : Oui c’est le numéro 1. Et bien sûr il fonctionne différemment.
Mais si vous prenez lithium, sodium, potassium, rubidium, césium, ils sont tous parfaitement équivalents et ils servent à la plante à se charger positivement.
Donc la plante a des pompes qui consomment de l’énergie accumulée en quantité par la photosynthèse. Elle dépense son énergie pour charger ses cellules racinaires positivement avec ses cations monoatomiques qui ne fabriquent aucune molécule vivante.
Il n’existe aucune cellule vivante contenant du potassium, contenant du sodium, du lithium. Mais par contre, cela rentre très facilement à travers les membranes. D’ailleurs cela fait partie des très rares atomes que nous pouvons manger, nous les humains, à l’état pur, sans passer par la forme organique. Il en est de même pour l’avant-dernière colonne du tableau de Mendeleieff, celle des anions monoatomiques (chlore, fluor, iode). Tous ces éléments nous pouvons les manger purs. Nous pouvons manger du NaCl - du sel - et nous l’absorberons très bien. Nous pouvons prendre du chlorure de potassium, idem. Ce sont les seules formes et tous les êtres vivants peuvent le faire.

Donc la plante se charge positivement et une fois qu’elle est plus, que fait-elle ?
Une fois qu’elle est devenue une pile positive, elle attend que les microbes fabriquent du "moins".
Cela va pouvoir entrer même si les concentrations sont faibles à l’extérieur parce qu’elle va créer une force électrique tellement forte que ça va attirer un ion négatif alors qu’il est très rare à l’extérieur et c’est ainsi que les plantes se nourrissent.

Alors les microbes ont deux techniques pour fabriquer des éléments négatifs.
Ils ont la technique de l’oxydation. Ils oxydent l’azote en nitrate, le phosphore en phosphate, le soufre en sulfate, le sélénium en sélénate, le calcium en oxyde de calcium, etc. Mais il y a des éléments oxydés qui sont insolubles, tel l’oxyde de fer.
Comment la Vie a-t-elle résolu ce problème ? Par un système très astucieux : la chélation de l’élément ... par le microbe !
Il prend l’élément et l’attache sur une molécule organique. Quelle molécule organique utilise-t-il ? Un acide organique qui est une fonction chimique de type CO-O, fonction négative qui pourra rentrer dans la plante. C’est une sorte de pince si vous voulez qui va entraîner l’élément dans la plante, qu’elle capte électriquement. On appelle cela la "chélation".


Nous ne faisons que copier la Nature. Avec industrie et finances en prime. Justus Van Liebig avait pourtant rappelé que la boîte de conserves de Nicolas Appert était une nourriture militaire, pour temps de guerre, d’épreuves, transitoire mais nullement préférable à une nourriture fraîche.

- CB : Oui, de secours. D’ailleurs que l’on ait extrait de l’huile à chaud pendant la dernière guerre mondiale, parce qu’on n’avait pas d’huile à donner aux Français, on comprend tout à fait. Mais que les huiliers aient gardé le procédé d’extraction à chaud alors que c’était interdit avant la guerre, là c’est scandaleux. Là, ils font de l’argent sur le dos des gens et cela ne correspond plus du tout à un problème de survie. C’est devenu un problème de gros sous.

C’est exactement comme à la sortie de la guerre de 14-18. Pourquoi a-t-on violé les agriculteurs avec les nitrates ?
C’est que les nitrates avaient été fabriqués par Haber, en 1913. Haber trouve enfin la technique qui permet de prendre l’azote de l’air et de fabriquer des nitrates. C’est cette découverte qui permet à l’Allemagne de déclencher une puissance de feu phénoménale : les nitrates de synthèse permettent de fabriquer des bombes en remplaçant le salpêtre. L’Allemagne va avoir de l’azote à profusion, tant qu’elle veut. L’azote, c’est 79% de l’atmosphère.

La vie microbienne du sol et certaines plantes captent l’azote de l’air, gratuitement. L’industrie, elle, développe ses usines qui coûtent horriblement chères. Et l’Occident va ainsi fabriquer ces nitrates avec ces techniques et cela va être une grande guerre mondiale. A la sortie de cette guerre, il va bien falloir pacifier ces usines qui ont coûté si chères. On ne peut pas les fermer comme ça ! Il faut les amortir !! Et comme Justus Van Liebig avait montré que c’est sous la forme de nitrates que les plantes se nourrissent, ils ont fait tout de suite l’interface.
Et au début on a été raisonnable, comme dans la plupart des interventions humaines. Entre les deux guerres, on préconise 20 à 30 kilos d’azote à l’hectare.
On ne viole pas les sols. Les rendements augmentent de façon spectaculaire. Et puis la loi du commerce augmentant, on est passé à 50, puis 100, et maintenant on en est à 248 kilos d’azote à l’hectare Aujourd’hui, c’est du délire.
Je n’ai pas les positions extras des tenants les plus radicaux de l’Agriculture Biologique.
Je trouve normal que par son intelligence l’homme comprenne les mécanismes vivants et les perfectionne. Mais quand on en arrive à mettre 248 kg d’azote à l’hectare sur le blé on délire. Du délire commercial. On abîme l’environnement et on abîme la santé des gens. Et là je ne suis plus d’accord. Et en tant que scientifique, je m’oppose à cette pratique là.

On doit demander à un sol ce qu’il est capable de produire en fonction de sa fertilité naturelle. Tout le monde veut faire 100 quintaux à l’hectare en France. Cela ne tient pas debout ! On ne roule pas à 240 km/h avec une 2 CV !! C’est pareil avec les sols. La première chose : regardons notre sol et travaillons en fonction de son potentiel de départ


C’est là où vous intervenez. Comment évaluez-vous la fertilité d’un sol ?

- CB : J’ai développé cette technique à partir d’une idée fort simple : le sol est un système dynamique souvent profond d’environ trente centimètres, ce qui n’est pas très épais.
Parfois, on analyse des sols qui sortent directement de la roche-mère, que l’on touche en sondant le sol. Mais d’autres sols sont si profonds qu’on ne peut pas toucher la roche-mère, tel Roissy où trente-trois mètres de profondeur de limons fertiles ont été recouverts par du béton et du goudron !

Bon. Quand vous étes en Bourgogne, sur la Côte d’Or, si vous voulez reconnaître l’état d’un sol, vous allez jusqu’à la roche mère.
Je prélève le sol à différentes profondeurs et emplacements. Je vais jusqu’à la roche et je prélève les différentes couches.
Pour moi, les différentes couches du sol c’est un peu comme des strates dans une forêt équatoriale avec ses différents niveaux écologiques et ses microbes variés. De multiples situations biologiques.
Je peux alors étudier l’évolution des argiles, leur qualité, leur surface interne de la roche mère jusque vers la surface. Je compare avec la partie travaillée par l’agriculteur. Je compare le travail accompli par la Nature et celui de l’homme. Je vais comparer la qualité des argiles.
En analyse chimique, je vais comparer les choses classiques (degré d’acidité en pH, pHO, pHKCL). Je vais comparer la capacité des charges captioniques. Je vais regarder l’activité biologique des sols. Comment elle évolue dans la profondeur du sol.

Je connais aujourd’hui beaucoup de sols sur tous les continents de notre planète.
La conclusion générale est la suivante : normalement, les sols en bon équilibre ont une activité biologique qui baisse avec la profondeur jusqu’à environ 30 centimètres, pour ensuite rester parallèle à la roche mère.
On a deux grands groupes microbiens : en surface ceux de la matière organique. On est en présence de l’atmosphère. On a les groupes les plus actifs, le gros de l’énergie vivante qui se déploie. Ensuite, la seconde couche, des profondeurs, aboutit un substrat purement minéral jusqu’aux organismes dévoreurs de pierres, les chimio-lithotropes.

Avec l’ensemble de cette approche physique, chimique et biologique entre ce que fait l’agriculteur, ce qu’il a donné au sol, je peux déterminer le dynamisme du sol à venir.
Si par exemple je vois de bonnes argiles au fond et que je ne retrouve que de mauvaises argiles à la surface ? Le sol est en train de s’abîmer. Les humus sont de mauvaises qualités. Mon activité biologique n’est pas plus forte en surface que dans la partie minérale ? Mon sol est en train de se minéraliser jusqu’à la surface. Ce sol est mort.

C’est en faisant ces relevés et comparaisons que j’ai constaté des faits importants.
Tout le monde constate que la matière organique baisse dans les sols. Mais personne ne s’est jamais occupé de la qualité de cette matière organique.
J’ai étudié la capacité de charge cationique des agricultures conventionnelles. Elle est deux ou trois fois plus importante. Hélas cet aspect qualitatif est peu étudié car nous sommes encore dans une société du quantitatif qui se refuse encore à comprendre que les sols sont en train de mourir en Occident.
Ce sont eux qui nous nourrissent, ne l’oublions pas. Alors si votre sol est déséquilibré, ce n’est pas en lui apportant les éléments NPK que vous allez recharger les choses. La plante prend environ 28 éléments dans le sol. Ce n’est pas en lui en apportant trois que vous allez lui rendre la santé. Alors la plante tombe malade. Le NPK fait grossir la plante par les éléments de la turgescence. C’est d’ailleurs pour cela que ces 3 éléments ont été retenus. Mais ils ne suffisent pas à la plante.
La nature est sans pitié. Dès qu’il y a quelque chose de carencé, les parasites se jettent dessus pour l’éliminer. Il ne doit pas faire de progéniture, il doit disparaître. Donc les plantes tombent malades.
Que font les agriculteurs ? Ils traitent. Comme ils traitent, ils massacrent le peu de microflore et microfaune qui reste dans le sol. Les plantes sont encore plus carencées. L’agriculteur rachète encore plus de pesticides. Et comme ce sont les mes firmes qui font les engrais, les pesticides, et qui ensuite font les médicaments. Alors pour les gens qui mangent ces plantes carencées ce n’est pas prêt de s’arrêter. D’autant que les marchands d’engrais ont des marges de plus en plus faibles sur leurs engrais et que les vraies marges, c’est sur les pesticides et les produits phytosanitaires qu’ils les font. Donc, ils n’ont pas du tout envie, pas du tout du tout, que cette manne s’arrête.
Rééquilibrer nos sols, rééquilibrer nos plantes, ça voudrait dire aussi baisser les charges de Sécurité Sociale dans les sociétés occidentales. Ce que personne ne veut voir ! Parce que toute l’industrie pharmaceutique est là . Absurde.

Si on laisse faire, quelle est la perspective ?

- CB : Nul besoin d’être prophète. Tout ce que les écologistes sérieux ont avancé depuis trente ans se vérifie aujourd’hui. Nous jouons à l’heure actuelle l’avenir de notre civilisation. Nous sommes en train de vivre l’Austerlitz de l’Occident. Que va-t-il se passer si on laisse faire ? L’Occident va s’écrouler parce qu’il n’y a plus de critiques, plus de remises en cause. Et nous allons mourir comme toutes les civilisations par destruction des sols. Comme l’empire romain, les mayas...

L’humus c’est le mot humanité. Nous avons surtout notre malheur en nous-mêmes.
C’est notre civilisation qui est dangereuse car elle porte sa mort en elle. Elle est en train de s’auto-détruire en criant un grand cocorico de victoire.
La science peut nous tuer car la morale ne suit pas. Nous avons une morale biblique et une technologie du XXIe siècle.
Les scientifiques sont devenus les nouveaux prêtres., au XIIe siècle ils étaient moines !! Le commun des mortels est coupé de la culture scientifique, technique et industrielle que manipulent les spécialistes distanciés. Et cela fait très peur.
Regardez le pilote d’avion qui dirige sa bombe avec un laser sur des objectifs ! Il fait une guerre propre. La preuve ? Il ne voit pas le résultat de son geste sur son écran T.V. !!! La science occidentale moderne distancie essentiellement les choses. Elle le fait de tout.


Et au niveau alimentaire de l’Occident ?

- CB : La distanciation au niveau alimentaire est claire. Les gens ne veulent plus savoir qu’ils mangent la mort d’un animal. En conséquence, on leur propose une espèce de viande carnée, congelée, mise en sachet dans un bac. Les poissons ? Ils sont déjà panés.
Les abattoirs sont présentés comme très hygiéniques. Les bêtes n’y souffrent plus...
Il n’y a plus la moindre trace de meurtre. La personne peut donc manger la viande comme si c’était de la purée. Elle n’a pas l’impression de participer à un crime.
Le steak haché type hamburger il faut beaucoup d’imagination pour rapprocher cela de la viande. Donc l’homme se sent complètement déculpabilisé et à ce moment il peut accepter que les bêtes soient élevées comme elles le sont : dans des camps de concentration absolument monstrueux.
J’estime que tous les lycéens de France devraient aller voir au moins une fois comment on traite les cochons, les poulets, les veaux, etc. dans l’industrie intensive.
Et ils devraient aller ensuite visiter un abattoir. C’est très impressionnant de voir des bêtes qui arrivent vivantes et qui, en moins de 15 mètres, sont déjà complètement saignées. La vitesse de transformation de la bête vivante.
C’est extraordinairement choquant !
Sans faire du passé un âge d’or, la notion de fête est perdue.
Autrefois, la mort d’un animal était rare et festive.
L’animal était un compagnon et sa mort était vécue, acceptée, transcendée, transformée par un acte touchant la vie et la mort. La source du sacré.
L’animal était complice de la vie de l’homme, lorsque ceux-ci entretenaient un rapport d’amour respectueux de la nature.

Maintenant la viande est devenue un produit totalement banal et pour pouvoir donner de la viande de façon banale à tout le monde, tous les jours de la semaine, on fait des camps d’élevage atroces.
Les bêtes sont piquées tous les jours. Si on ne pique pas les cochons industriels aux tranquillisants ils meurent de crise cardiaque, etc.
Ce qu’on arrive à faire dans les élevages industriels, c’est à vomir. A vomir. Et c’est accepté en toute impunité de la science, de l’hygiène, de la technologie.
Vous savez je pense qu’une société qui traite la vie comme cela ne peut pas se traiter elle-même correctement. La société fait des guerres propres.
C’est comme l’agriculteur qui passe dans son champ avec ses produits de mort à 400 grammes l’hectare. Après il a un champ nickel-chrome. Il n’y a plus un seul coquelicot pour le blé. Plus une mauvaise herbe. Propre. Rationnel. Enfin quelque chose de propre ! La mort est d’une grande beauté...


Quelles solutions alors ?

- CB : Comme le disait très bien Kant, une chose est morale quand elle est généralisable à l’ensemble de l’humanité.
Notre agriculture industrielle n’est pas généralisable. S’il fallait simplement pour l’azote industriel apporter à l’ensemble des terres cultivées la quantité d’azote que mange la France, la totalité de la flotte mondiale ne suffirait pas transporter l’azote en question. C’est impossible.
Ce n’est pas généralisable. Donc il faut changer d’agriculture. Car on se garde bien de dire aux Français qu’avec notre système alimentaire il faut un hectare de terre cultivée pour manger dans les pays riches. Tandis qu’il ne reste que 2600 m2 de terres cultivées par habitant.
Alors ? Si nous consommons un hectare, c’est qu’il y a des êtres humains qui ne mangent pas. C’est une simple mathématique, mais elle est vraie.
Et il faut continuer. Il reste 3 hectares par habitant à l’heure actuelle sur la planète Terre, toutes terres confondues, Sahara, Pôles. Tout. Sur ces trois hectares on prélève de quoi s’habiller, faire notre maison, notre voiture, etc. Et sur ces terres il reste 2600m2 cultivés, pour manger.
Et il en disparaît à l’heure actuelle l’équivalent de la surface de la France tous les ans par érosion. Les rendements sont en train de stagner en Europe. On parle de fatigue des sols. Avant c’était tranquille, les engrais solubles étaient déversés et on augmentait de 3 quintaux/hectare/an. Tout le monde criait victoire. L’INRA annonçaitdéjà150quintauxàl’hectaredans le début des années 80.
Aujourd’hui, on remet sérieusement en doute cela. On voit des agriculteurs habitués à leurs 100 quintaux qui tombent à 40 quintaux. Par fatigue des sols...
Or si vous comparez la teneur en éléments des sols telle qu’elle se pratique dans les méthodes d’analyse conventionnelle, les sols d’agriculture biologique ont souvent moins d’éléments solides que les sols en conventionnel ; donc selon les critères retenus par l’agriculture conventionnelle, ils sont moins fertiles.
Par contre en tant que milieu "sol", les sols en agriculture conventionnelle sont déséquilibrés.
Cela dit, il y a des gens en "Bio" qui travaillent très mal. Certains ont simplement remplacé les engrais chimiques par des engrais organiques. Ce n’est pas cela l’agriculture.
L’agriculture vivante est celle qui amende ses sols. Amender ? Restituer. C’est l’équivalent pour l’agriculteur de l’entretien du matériel productif par l’industriel ; le sol est ce qui produit, donc il faut l’entretenir. La fertilisation (ou l’amendement donc) possède trois volets.
Traditionnellement, on fabriquait de l’humus en compostant. Pour les argiles, on marnait : on apportait des argiles calcaires et on les mélangeait à un liant, la plupart du temps le calcium. Le tout était mélangé au compost et on épandait sur le sol. On entretenait ainsi tous les ans son matériel de production. Et on l’améliorait.

Second volet de l’amendement : la fertilisation des microbes. Les microbes vont nourrir les plantes, donc il faut les fertiliser. On fertilise les deux grands groupes : le groupe de la matière organique et celui de la chimie lithotrophe. Le groupe de la matière organique se divise en trois.

- a) le groupe de l’humification que l’on fertilise par le compost.
- b) le groupe de la minéralisation qui est fertilisé par les engrais verts.
- c) le groupe de la rhizosphère (les microbes qui vivent contre les racines des plantes et qui les nourrissent), est entretenu par la rotation des cultures. En effet, chaque espèce de plantes stimule une certaine microflore.
Et enfin il y a le groupe des chimiolithotrophes, c’est-à dire celui des roches mères. On les nourrit par des roches broyées. Si on est en terrain calcaire, on broie du granit et on équilibre ce que la géologie a mal distribué.
Et puis enfin le dernier volet : la fertilisation des plantes. Elle consiste à apporter ce que l’on a exporté pour ne pas appauvrir son sol en éléments nutritifs. Vous prélevez 50 kg d’azote ? Vous restituez 50 kg d’azote.

Maintenant avec l’agriculture industrielle, les deux premiers volets n’existent plus. On fait de la monoculture. On ne fait plus que la fertilisation des plantes. Et dès qu’on a un système non généralisable qui se généralise c’est la mort garantie à très brève échéance, dans n’importe quel groupe humain. On ne donne pas trente ans à cette civilisation en analysant les sols.

Quand vous voyez l’Afrique, c’est affolant !
Les pays comme l’Ethiopie et le Soudan ont coupé 95% de leur surface forestière depuis 1960 ! Négociés en 30 ans ! Et maintenant c’est une marée humaine de crève-la-faim.
Les boat people vont être le gros problème de l’Occident. On ne pourra pas faire face, surtout si on limite à la peur, le rejet et la force. Allez en Indes, c’est le cauchemar l’Inde !
Et on a fait croire que le problème allait être résolu techniquement. Mais le problème n’est pas technique. Le problème est bien plus subtil que cela. La Terre est quelque chose de très subtil. Nourrir les hommes, ce n’est pas simple.

On a cru qu’en vendant des engrais aux Hindous et en mettant des variétés à haut rendement, on allait régler le problème.
On a érodé des millions d’hectares aux Indes depuis les années 70 par les techniques dites de la Révolution Verte. Les résultats de cette Révolution Verte qui a valu à son promoteur, Norbert Borlaug, un prix Nobel, s’annoncent aujourd’hui en toute clarté : des millions de vies exterminées par cette Révolution Verte.

Tous les pays du Maghreb étaient à peu près autosuffisants jusqu’en 1945.
Ils sont maintenant importateurs à 85% de leur alimentation. Alors ils s’amusent à faire pousser de la luzerne dans le désert sous plastique noir. Je veux bien ! En
Arabie Saoudite, on fait pousser du blé dans le désert qui coûte 45 fois le prix mondial, quelque chose comme Marie-Antoinette qui fait la promenade des moutons. Inepte. Indigne de l’homme et de la Femme.
Non. La seule chose qui puisse sauver l’humanité des grandes catastrophes c’est l’agriculture biologique & la biodynamie. L’Amour. Un nouvel Art de la Science. Le Bon Sens.


Le dossier
  • "Un milliard d'hectare stérélisé en un siècle, il est grand temps de soigner les sols"
  • Libellés :

    13 avril 2006

    Nettoyage de printemps

    Premier soleil de printemps, qui donne envie de dépoussiérer, de remettre à neuf.

    Un petit nettoyage personnel, après ce long hiver, ne serait pas de trop non plus.





    Deux tisanes dépurative qui vont nous y aider:

    En quantité égale
    - Pensée sauvage
    - racine de bardane

    - racine de chiendent - feuilles de noyer
    - fumeterre


    ou

    - Ortie

    - racine de bardane

    - écorce de bouleau

    - bourdaine

    - Pensée sauvage


    Bien mélangé les plantes

    Laisser macéré un heure 2 cuillerées à soupe du mélange dans 1/2 litre d'eau froide

    Chauffer lentement

    Laisser bouillir deux minutes
    Infuser 1/4 d'heure
    Prendre trois à quatre tasses par jour.

    Libellés :

    05 avril 2006

    Une séance sur les OGM au Sénat: témoignage de Christian Velot

    Témoignage de Christian Velot, chercheur et enseignant en biologie moléculaire à l’Université Paris-sud , ayant plusieurs fois animé des conférences sur les OGM et qui témoigne en faveur des faucheurs volontaires dans les procès.




    Bonjour à tous,

    Un témoignage, probablement maladroit, mais brut de pomme, de ce que j'ai vu
    au Sénat hier.

    Bien amicalement,
    Christian Vélot


    Je faisais partie hier de la délégation de militants anti-OGM qui est allée au Sénat écouter les « débats » sur le projet de loi.
    Je crois que je n'aurais pas dû. Alors que j'avais passé une bonne journée militante qui, comme à chaque fois, regonfle les batteries et redonne plein d'espoir, à commencer par un débat à 10H30 le matin sur i-télé aux côtés de Noël Mamère et face aux VRP de la transgenèse généralisée que sont Houdebine et Ledéaut, je suis rentré chez moi complètement abattu, désabusé,
    avec un étrange mélange de sentiment de révolte et d'envie de pleurer.

    Aujourd'hui, je ne suis toujours pas remis et je n'ai que le clavier de mon ordinateur comme remède car j'éprouve un immense besoin de faire partager le triste spectacle auquel j'ai assisté hier dans l'Hémicycle de la rue de Vaugirard.
    Premier coup derrière les oreilles : le nombre de sièges vides. Sur 331 sénateurs, seulement 49 étaient présents en ouverture de séance, et il n'en restait plus que 35 après une demi-heure !
    Je me dis alors qu'il doit au moins y avoir tous ceux qui sont (ou qui prétendent être) concernés par le sujet, et notamment qui sont censés défendre nos positions.
    On a bien cherché (c'était facile, ils n'étaient pas nombreux) : pas de Dominique Voynet, qui était pourtant venue le matin même faire de belles déclarations lors de la conférence de Presse !
    Aucune présence non plus de Jean-Luc Mélenchon, proche de José Bové depuis la campagne contre le TCE, et pour lequel il est sans doute moins payant de venir faire son boulot au Sénat que se pavaner debout sur un banc du trottoir du boulevard Arago pour être certain de bien être remarqué pendant le passage de la manif anti-CPE de samedi dernier.
    Je l'ai d'autant plus amère qu'aux dernières sénatoriales (2004), j'ai fait partie, avec mon ami Raymond Leduc de la Confédération Paysanne, du comité de soutien de Jean-Luc Mélenchon (candidat en Essonne avec Bernard Véra et Claire-Lise Campion)...
    Au delà de cet absentéisme pitoyable, reste le déroulement des « débats » : a pleurer (ou hurler mais on ne pouvait pas) ! Un brouhaha incroyable ! Personne ou presque n'écoute l'intervenant qui fait (ou plutôt qui lit) son discours. Chacun parle dans son coin avec ses voisins ou y va de ses petites activités personnelles.
    J'ai dix fois moins de bruit dans un amphithéâtre de 200 étudiants d'une moyenne d'âge de 20 ans, et sans que j'ai besoin d'exercer la moindre autorité.
    L'intervenant pourrait s'adresser à la porte de ses chiottes, ça ferait le même effet.

    Du balcon où nous étions situés, nous avions une vue plongeante sur les pupitres des sénateurs du groupe UMP. Pas un seul n'avait le projet de loi sous les yeux ! Raffarin et ses potes ont passé leur temps de présence (environ 30 minutes) à causer entre eux et se marrer, certains tournantcarrément le dos à l'intervenant.
    D'autres remplissaient des dossiers, regardaient leur agenda. Deux sénatrices au fond de l'hémicycle (et donc juste en dessous de nous), après avoir regardé ensemble un album photo, s' échangeaient leur permis de conduire, leur pièce d'identité, sans doute pour mieux constater sur leur face de rat les dégâts provoqués au cours du temps par les crèmes à l'ADN végétal de chez Dior.
    Un autre montrait à son voisin des photos d'une maison imprimées en couleur sur du papier A4, probablement la résidence secondaire qu'il vient de s'acheter avec les 120 000 euros
    annuels qu'il perçoit pour venir se gratter les couilles au Sénat, une autre encore réorganisait ses papiers et ses billets de 20 euros dans son portefeuille... Et le plus drôle (enfin, façon de parler), c'est qu'à la fin d'une intervention, et uniquement s'il s'agissait bien sûr d'un intervenant
    de leur groupe, ils applaudissaient comme des automates.

    En ce qui concerne les interventions elles-mêmes, les âneries de ceux qui défendaient le texte étaient à la hauteur de leur méconnaissance du dossier.

    Quand à ceux qui étaient censées intervenir dans notre sens, il est clair que je ne les choisirais pas comme avocats, à moins que je ne souhaite être assuré de faire de la prison à vie : mous du genoux sur le fond, monocordes et sans aucune conviction sur la forme.
    Eux non plus n'avaient probablement pas lu le projet de loi, ...à moins qu'ils n'aient tout simplement pas vraiment envie de s'y opposer.
    Bref, à pleurer vous dis-je ...

    Peut-être suis-je trop naïf, ou peut-être ai-je tendance à prendre les choses trop à coeur ? Je ne sais pas.
    Toujours est-il que n'y tenant plus, au bout d'une heure j'ai décidé de partir, l'âme en peine, avec le profond sentiment d'avoir été brusquement télé porté plus de deux siècles en arrière, et de savoir de moins en moins ce que signifie « démocratie ».

    Christian Vélot

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    04 avril 2006

    D'ici juin 2006 "ils" vont décidés que le bio ne sera plus bio, alors il faut intervenir!


    La Commission européenne veut faire passer en force, d’ici juin 2006, son nouveau projet de règlement sur la production biologique. Ce texte, réalisé sans consultation des acteurs historiques de la bio, détourne l'agriculture biologique de son premier objet qui est d'être résolument non polluante, préoccupée de la santé des hommes et de la terre qui les nourrit.

    Au nom de la « suppression de toute entrave à la circulation des marchandises », la bio devrait subir de tels assouplissements qu'elle deviendrait tolérante à l'utilisation de produits chimiques de synthèse ainsi qu’aux OGM, à hauteur de 0,9% de pollution transgénique. Par ailleurs, elle ne serait plus contrôlée que sur les risques, et non plus sur le respect de ses principes de base et de ses cahiers des charges.

    Ce projet est d'autant plus inacceptable qu'il verrouille, pour toute évolution future, un système de décision totalement anti-démocratique, soumis à la seule volonté de la commission en charge de ces questions, indépendamment des acteurs professionnels de la bio ou de la société civile.

    Pour demander:

    -Le rejet de l'actuel projet de règlement européen sur l'agriculture biologique
    -Que l'agriculture biologique reste définie par les moyens mis en oeuvre pour se passer de tout produit chimique de synthèse et de tout OGM,respecter l'équité et la solidarité sociale et garantir l'avenir écologique de la planète et des générations futures.
    -Que la volonté des acteurs professionnels de la bio, des consommateurs et de la
    société civile soit prise en considération pour toute décision concernant l'agriculture biologique.

    Pour signer la pétition en ligne et envoyer un courrier au ministre concerné
  • CLIC





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    02 avril 2006

    mobilisation anti OGM du 8 avril, Bruxelles....et ailleurs

    Site de la coordination internationale : http://altercampagne.free.fr

    La manifestation dans le monde




    La Journée Internationale d’Opposition Collective aux OGM (JIGMOD), le 8 avril, c’est, en 4 points :

    • Une mobilisation internationale collective sans précédent, amorcée il y a six mois, et qui rassemble plus de 40 pays et une centaine d’organisations distribués sur tous les continents1. Ce projet (initié par huit organisations françaises2 dont la plupart avaient déjà coordonné deux précédentes journées3), s’est construit autour des contributions de partenaires internationaux : le Memorandum, lettre de scientifiques destinée aux parlementaires4, la visioconférence internationale5 et la diffusion de Semences Paysannes6. Des attractions demandant une action collective ont également été engagées: une mosaïque géante anti-OGM7, composée de logos venus de différents pays et des feux d’alerte sur les collines les plus élevées du Royaume-Uni8.
    • La mise en place d’un réseau de solidarité qui se manifeste déjà par la création de Collectifs d’associations9, ainsi que par le soutien apporté par plusieurs partenaires internationaux de la JIGMOD à des actions locales (soutien des Faucheurs Volontaires au Procès de Versailles10, signatures de la Déclaration de Cracovie pour un moratoire européen de 10 années sur les OGM11). Le Jour « J » n’est pas seulement un aboutissement : sa mise en place a favorisé une vision plus globale de la résistance aux OGM, préparant la possibilité d’actions menées internationalement. Le mouvement anti-OGM s’organise au niveau planétaire, face aux multinationales de l’agro-industrie des biotechnologies.
    • Un rendez-vous qui tombe à point nommé : Le 8 avril coïncide en effet avec une actualité riche concernant les OGM, avec d’un côté : des projets de loi nationaux pour organiser la « coexistence » avec les culture d’OGM, la Conférence Annuelle des Industries Biotechnologiques (Chicago, 9-12 avril), la Conférence Européenne sur la coexistence (Vienne, 4-6 avril)12. De l’autre : la Marche pour une Europe sans OGM (Vienne, 5 avril)13 et les Régions « sans OGM »14, la déclaration de Cracovie, la proposition de Membres du Parlement européen contre la commercialisation des OGM15.
    • Le 8 avril, ce seront des centaines de stands d’information et de conférences, une cinquantaine de projections de documentaires, une visioconférence internationale entre 16 groupes d’intervenants distribués géographiquement de Tokyo à Berkeley5, au moins une trentaine d’orchestres et de marchés paysans, une dizaine d’expositions, des manifestations, ainsi que des attractions symboliques originales16.

    Ce rendez-vous collectif enverra un signal fort en direction de ceux qui participent -ou sont susceptibles de participer- à la commercialisation des OGM : actionnaires et banques d’affaire, politiciens et juristes, scientifiques et agriculteurs.


    A Bruxelles


    Dans le cadre de cette journée internationale d’opposition aux OGM en agriculture, un rassemblement populaire sera organisé à Bruxelles, sur la Place de la Monnaie, de 14 à 17h. Cet espace d’expression offert au public se veut festif et informatif.

    Au programme de cet après-midi est prévu :

    • Un grand stand d’information au public sur la thématique des OGM, et sur leurs nombreuses alternatives
    • Une animation théâtrale et musicale, par 4 Compagnies (Compagnie des 4 saisons, Pachamama asbl, Dramatique fanfare du Théâtre Universitaire Royal de Liège, Solo bouffon anti-OGM)
    • Un mini-marché de productions paysannes à prix « libre »
    • La sensibilisation du public de la Place de la Monnaie et de la rue Neuve, … au moyen d’un tract d’information


    Cet évènement bruxellois est co-organisé par Nature&Progrès Belgique, La Coordination Paysanne Européenne, et Les Amis de la Terre Europe.

    Il est également activement soutenu par Inter-Environnement Wallonie, Grappe asbl, Greenpeace Belgique, La Compagnie des 4 Saisons, Pachamama asbl, Le Théâtre Universitaire Royal de Liège, …

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